ENTRETIEN. Les Français ont confiance dans leurs élus locaux
Selon un sondage Ipsos réalisé en septembre auprès de 1 500 personnes, 66 % des Français considèrent, qu’après les hôpitaux, les collectivités locales ont su le mieux gérer la crise sanitaire.
Si les Français accordent une grande confiance aux collectivités locales, leur défiance vis-à-vis de l’État s’accroît en raison de la crise sanitaire. Seuls 21 % d’entre eux considèrent que les préfectures ont été efficaces face à la crise. Ce pourcentage plonge à 16 % pour les ministères. Les Français contestent également à l’État l’exercice des missions régaliennes. À 84 %, ils considèrent que l’État ne peut plus exercer seul les compétences de l’éducation, de la police et de la santé.
Les Français ont un niveau de confiance élevé dans les communes, départements, régions. Comment l’expliquez-vous ?
Les collectivités locales sont perçues comme très proches des habitants, réactives, efficaces. Les Français s’en sont aperçus durant le confinement. Les mairies, conseils départementaux et régionaux ont permis de tenir, distribuant des masques, soutenant les hôpitaux…
Dans le même temps, l’attitude de l’État est assez décriée…
Il n’a pas tout raté durant la première vague, ouvrant des lits de réanimation, permettant le transfert de malades vers des régions moins touchées par le virus, soutenant le chômage partiel. Par contre, il a été bien trop effacé sur la gestion des masques et des tests et sur la réouverture des écoles. Il s’est, par ailleurs, englué dans des normes, ralentissant considérablement l’action locale : 256 textes produits dans les huit semaines suivant l’annonce du confinement, soit 30 % de plus qu’en 2019.
Les Français souhaitent que l’État transfère de nouvelles compétences aux collectivités locales. Est-ce raisonnable ?
Les Français attendent beaucoup des communes, départements et régions, en termes de protection, de relance économique, de transition écologique. Il est possible de faire davantage, à condition que les moyens suivent. Or, l’État supprime aux collectivités la taxe d’habitation et s’attaque aux impôts de production (la taxe foncière sur les propriétés bâties, par exemple), tout en encadrant leurs dépenses de fonctionnement et corsetant leur liberté d’agir. Nous mettons donc beaucoup d’espoir dans la loi « 4D » que prépare le gouvernement (décentralisation, déconcentration, différenciation, décomplexification). Les collectivités locales ont besoin de libertés d’agir, de capacités à expérimenter.
Les Français aiment leurs élus locaux. Paradoxalement, les élections municipales ont connu un taux d’abstention record, et pas seulement à cause du virus.
Il est urgent d’intéresser les Français à la démocratie locale, en les associant davantage à certains arbitrages. Les citoyens ont aussi besoin de voir que les choses avancent, notamment en ce qui concerne le plan de relance. L’État va-t-il être capable d’exécuter rapidement ce plan, de déconcentrer certains crédits aux préfets ? Les premiers échos sont mitigés…